ActualitéChroniques de Madagascar
- Entre les lignes -
NOTE DE LECTURE

Amours malgaches interlopes, Gérard THALER, éditions artisanales du point d’exclamation, décembre 2010.

« Si je devais résumer par trois éléments mes premières impressions sur Madagascar, je me devrais de citer les zébus, les vazas et les « demoiselles. » Ils constituent l’essentiel du « paysage » malgache qui frappe l’attention du nouveau venu. » (p.16)

 

Journal de bord. Mouiller une ligne, le flotteur au large de l’océan Indien et l’hameçon s’agrippe sur les côtes nord-ouest de la Grande île : Nosy-Be. Le fil se tend. Les poissons mordent. L’aventure commence. Non, les aventures commencent. Celui qui est parti à la pêche aux infos ne repartira pas sans les réponses. Non sans avoir attrapé dans son filet – son lit – quelques sirènes. Non sans avoir connu quelques houles de jalousies féminines. Non sans avoir parfois mordu lui-même à son propre hameçon. Surtout, ne pas faire bredouille, au pire peut-être se dire adepte de catch and release… Tout cela pourquoi ? Pour comprendre, car « c’est fou le nombre de célibataires mâles réunionnais empruntant les lignes aériennes qui desservent la Grand-île de Madagascar ! » (p.7)

Débarquement. D’abord, se laisser frapper par le contraste panoramique où se côtoient beauté et laideur. Difficile de trouver ses marques dans ce pays du « mora-mora » (doucement-doucement). Un crédo national qui détonne avec une existence qui n’a – visiblement/absolument – rien de doux. Ensuite, se laisser attendrir par ces images pittoresques parsemées de zébus : « le zébu qui bosse » – « le zébu qui broute » et le « zébu comestible ». Puis, essayer de se situer dans ces tableaux de vazaha : « le vaza travailleur » – le « vaza retraité » et le vaza en couple avec une autochtone. Enfin, et pas des moindres, se laisser charmer par ces demoiselles : « la pro » – « l’occasionnelle » et « la copine ». « La femme tint un rôle majeur durant mon voyage, mais il m’arriva de rencontrer nombre d’autres personnes dont certaines très attachantes ou cocasses. » (p.23)

Déambulation. D’abord, errer dans les discothèques pour ponctuer les nuits blanches de quelques jeux de lumières et de séduction. Ensuite, enchaîner des rencontres et céder à l’appel de la nature : Carla, Agostina, Francesca… Non sans avoir provoqué ou s’être trouvé au cœur d’une embuscade, de quelques scènes de ménage et de réconciliations sur l’oreiller. Enfin, faire un brin de causette avec des patrons pour obtenir des réponses et tirer des aveux. « Pourquoi retournerais-je vivre dans le sud-ouest de la France ? Telle est sa question.» (p.40)

Discordances. D’abord, tomber sur une Bible dans un tiroir et une boîte de préservatifs dans l’autre, dans les chambres d’hôtel. Ensuite, faire quelques belles découvertes mais à ses risques et périls. Enfin, entendre quelques anecdotes et versions qui ne concordent pas toujours avec la réalité. « Il précise souvent : » Ne jamais tomber amoureux d’une Malgache ! » Sage conseil… Mais pourquoi ne se l’est-il pas appliqué à lui-même ? » (p.46)

Départ. A-t-il pu repartir de la Grande île sans emporter avec lui les ombres de ces sirènes nocturnes ? A-t-il pu rejoindre les côtes réunionnaises sans entendre leurs chants en écho aux éruptions des volcans ? A-t-il réussi à ramener dans ses bagages, quelques réponses à ses questionnements de départ, glissées entre objets artisanaux et souvenirs de vacances ?

Dilemme. S’il était resté au-delà de ces trois semaines, les trois éléments sur les premières impressions auraient-ils changé ?

Défi. En 2021, onze ans après la sortie du livre, les choses ont-elles changé de part et d’autre de la frontière ? Grande question surtout qu’« en fait, le célibataire mâle se rend sur la Grand-île pour juger l’intégralité de ses fonctions basiques, à savoir s’il digère bien, s’il dort bien et surtout s’il fornique bien.» (p.8)

 

Chronique inspirée par l’ouvrage suivant

Amours Malgaches Interlopes - Couverture

NA HASSI
Illustration : Sandrine NANY