Arovy Challenge :
Le numérique au service de la danse
Des « challenges » sur les réseaux sociaux, depuis la pandémie du coronavirus on en a vu de toutes les couleurs. Si la plupart a été initiée juste pour tromper temporairement l’ennui, d’autres représentent une réelle opportunité culturelle. Citons à cet effet, le concours de chorégraphie sur le thème « Covid-19 et le respect des gestes barrières » intitulé « Arovy Challenge » lancé par la page Koloture. Une occasion pour les jeunes danseurs en mal de scène de s’exercer à leur discipline préférée.
Sur les 17 groupes qui se sont inscrits, deux sont sortis vainqueurs de ce concours qui sort un peu de l’ordinaire. Le groupe Makoa a été sacré premier prix du public en recevant 838 réactions à leur prestation numérique et le prix du jury a été décerné à « The Monsters company ». Clément Le Brun, danseur français de 26 ans qui a siégé comme jury lors de ce challenge revient sur l’expérience : « J’ai été agréablement surpris par la qualité des vidéos. Il y avait une différence entre chaque groupe et c’était très intéressant. Les groupes qui ont obtenus les meilleures notes sont ceux qui ont mieux intégré les gestes barrières dans leur chorégraphie. L’exercice a été difficile mais le rendu a fait la différence » a-t-il indiqué.
Si pour les participants, ce concours a été une expérience particulière, les organisateurs ont également tiré quelques leçons de ce challenge. Pionnière de la danse dans la région Nord de Madagascar, Chacha nous raconte son ressenti après cette expérience : « l’originalité des groupes était au top, bien qu’il manquait un peu de créativité dans les chorégraphies. Des détails techniques qui sont facilement remédiables avec plus d’entrainement ». Et d’ailleurs c’était l’objectif de ce concours digital de danse ; offrir aux jeunes danseurs l’opportunité de relever d’autres challenges malgré le contexte sanitaire.
Sur le plan technique, étant donné que toute l’activité s’est déroulée en ligne, le défi était de faire comprendre aux participants les règles du concours. En danseur chevronné, Chacha est la première à admettre qu’un concours numérique est plus rude que les compétitions en live. « On perçoit une différence par rapport à l’énergie qu’apporte les danseurs parce que j’imagine qu’il y a plus de pression en vidéo, car le jury peut facilement mettre en pause et comparer. L’ambiance sur scène est un moment spontané et l’acclamation du public aide énormément » confie-t-elle. A Clément Le Brun d’appuyer que « on peut aussi imaginer que les compétitions en ligne pourraient permettre aux danseurs de pays différents d’échanger sans se soucier de la distance entre eux.»
Cette année nous aurait certainement contraints à vivre autrement. Sur le plan artistique, on a appris à nous adapter à s’instruire et consommer les œuvres artistiques d’une manière moins traditionnelle. « Néanmoins, la vidéo a ses limites. On ne pourra jamais ressentir aussi bien qu’en vrai, un danseur qui s’exprime et partage, ou l’ambiance d’un battle et la tension entre les danseurs. Je pense que ce genre de compétition va laisser de nouveau la place aux compétitions en face à face une fois la crise covid-19 passée » a conclu merveilleusement Clément Le Brun à la fin de cette aventure. Notons qu’actuellement, à la suite de cette initiative, un concours de danse traditionnelle malgache en ligne dont la date butoir d’inscription est ce 23 septembre.
Yanne Lomelle
Photos : les deux groupes vainqueurs lors de la remise de prix