Note de lecture

« Attache le cœur » de Nicolas Fargues

Résumé

Que ce soit Landry, Sylvie, Éric, Gilberte ou encore Claude, chacun mène sa vie de son côté. Ils sont quinze au total, ils ne se connaissent pas, ils ne sont ni voisins ni cousins. Tout ce qu’ils ont en commun, c’est le Cameroun. « Attache le cœur, instantanés camerounais » donne un aperçu du quotidien dans ce pays africain où les vies et les visions se dispersent sur le même sol pour faire pousser des rêves différents, pour faire exploser échecs variés et pour faire germer des grains d’humain disparates. Des prénoms à la sonorité française, une identité africaine éclatée et surtout des paradoxes sidérants autant dans les rêves que dans les propos. Chaque histoire est une pièce du puzzle dont l’ensemble dessine l’Afrique. Un kaléidoscope culturel de ce qui reste d’une ancienne colonie…

 

Dessine-moi l’Afrique

L’Afrique va mal, il est temps de l’admettre, il faut savoir le reconnaître. Depuis quand ? On ne le saura jamais. Avant la colonisation ou après l’indépendance ? On ne le saura non plus. D’ailleurs, peut-être aurait-on dû lui priver de son indépendance à l’Afrique ? Voilà une question qui divise encore plus le peu d’unité qui reste, sans pour autant apporter une réponse satisfaisante. Il s’agit sans doute du débat le plus stérile qui soit à l’état actuel du continent.

Certains envient ceux dont la peau est foncée mais qui votent sous les couleurs du drapeau français. Ceux-là même ne parviennent pourtant pas à se sentir « libres », « égaux » encore moins les « fraternels» de leurs compatriotes au teint clair. Ce dont on est sûr, c’est que l’Afrique va mal. Telle est la réalité : des blessures non cicatrisées, des crises identitaires chroniques, des rêves échoués au milieu des mers qui séparent de l’Eldorado occidental. Un continent boiteux qui persiste à avancer avec la mauvaise canne.

Quand les frontières dessinées sur la carte rappellent davantage un sol aride et desséché qu’une simple répartition de territoires. Les Africains seront toujours aussi faciles à découper qu’un gâteau d’anniversaire. Moelleux et crémeux, les autres n’en font qu’une bouchée.

Quand les voix africaines engagées se nourrissent simplement des malheurs du continent. Les artistes ne risqueront pas de tarir de propos ni de démarches pour sublimer leurs souffrances. Doués et reconnus, ils voyagent partout dans le monde pour étaler ces blessures de guerre, sans les guérir.

Quand les aides financières sont injectées de toutes parts comme de la drogue dure. Les grandes puissances et les donateurs étrangers continueront de dealer les paradis artificiels. Généreux et sauveteurs, ils tendent une main au peuple, pendant l’autre tire la ficelle des pantins au pouvoir.

Quand la diaspora ne témoigne de l’amour de la patrie qu’une fois en exil. Les locaux persisteront à croire qu’il faut partir pour mieux aimer son pays. Que partir, c’est réussir.

Quand le système éducatif ne fait que copier le modèle de la France-Mère sans que les élèves aient gardé les phacochères ensemble. Les enfants n’auront pour idéal que les grandes figures étrangères. Pour les rares icones du continent, c’est parce qu’ils ont su s’opposer. Il faut toujours avoir un contact avec l’Occident, quel qu’il soit.

En bon élève, Afrique, maintenant, c’est « A toi de parler »…

NA HASSI