Entendre les récits des femmes comme le va-et-vient incessant des vagues, c’est découvrir la quête d’une liberté créatrice qui unit les îles entre elles. Natacha, Fatima, Kethlyne, Nafissa et Nissioiti assemblent les mots et les rythmes du ressac afin de raconter le msindzanu dans l’océan Indien. Ce mot à consonance swahilie déploie la longue tradition de masques et dessine les visages à l’horizon de l’ailleurs. Là où le passé et l’avenir se rejoignent, la parole féminine liquide et furtive résonne au diapason des rivages de l’Indianocéanie.

Parfums

Dimanche matin. C’est marché forain au Chaudron à Sainte Clotilde, île De la Réunion. Aux premières lueurs du jour, la place Nelson Mandela dissémine un mélange d’arômes et un bruissement continu du mouvement de la vie. Senteurs d’épices et parfum de vanille s’accrochent aux effluves entêtants du raphia des soubik malgaches. En face de l’étal de samoussas, de bouchons et de bonbons piments, Ma Boura propose ses bouteilles de tchari, un équivalent du achard réunionnais. L’assaisonnement culinaire aux odeurs d’Asie, est préparé maison. Une recette des îles de la Lune, à base de citrons et d’épices pour accompagner le riz. Drapée d’un saluva et d’un kishali coloré, exhalant girofle et noix de muscade, la bazardière est facilement repérée. La femme est droite, figée dans une solennité séculaire. Les passants s’approchent, attirés par le visage orné d’un halo lumineux : pour le bazar, la gramoune s’est poudrée au msindzanu, dissimulant ainsi les lignes du temps. Bweni Ma Boura n’a pas d’âge !

 

 

 

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