AnthropologieCultures, Traditions & Modernité

Bernadette LADAUGE

“ Le folklore est un marqueur d’identité ”
icon-volcan

Par Thomas SUBERVIE et Gilbert CAZAL - Photos : Corine TELLIER

Bernadette Ladauge se définit comme une folkloriste. Loin des clichés, elle y voit une science interne du peuple. Son objet réside dans l’étude de ce qui lie entre eux des individus, ce qui est commun à toute une population : « de la plus haute couche sociale au plus bas des indigents ».

Elle fait partie de ces gens que l’on n’oublie pas de sitôt. La voix aussi forte que le corps est menu, les gestes vifs, la démarche alerte et l’aura de ceux qui font leur âge sans le porter, Bernadette Ladauge nous accueille chez elle : « viens a zot marmaille, regard’ pas l’desord’ seulment. »
Cette invitation sonne comme le « Pas besoin ou l’a honte » si souvent entendu en d’autres temps et d’autres lieux. Bien mal inspirés ceux qui s’arrêtent à son énergique franc-parler. Ce dernier n’a d’égal que sa grande connaissance de La Réunion, ses coutumes et ses traditions populaires.

La créolité s’impose au visiteur dès l’entrée du jardin parsemé d’objets hétéro- clites et de plantes rares. L’impression de désordre organisé renforce le charme de la demeure au toit pentu où la pierre et le bois se mêlent harmonieusement. Dès le pas de la porte, le ton est donné : des livres, partout, le long du couloir d’entrée et sur toute sa hauteur. Nous sommes bien chez une ancienne enseignante et l’éclectisme de cette bibliothèque témoigne d’une grande curiosité intellectuelle. Au salon, encore des livres, des murs décorés d’objets du quotidien, instruments de musique, ustensiles de cuisine, outils divers. Une cheminée en pierre de taille rappelle que les nuits d’hiver sont fraîches par ici et donne un caractère intime à toute la pièce. Le salon était un bon choix pour mener à bien notre tâche : recueillir le témoignage de Bernadette Ladauge sur son parcours personnel dans le folklore ainsi que son point de vue sur ce dernier. Espoir déçu pour le premier objectif, bille en tête, notre hôte plonge franchement vers le deuxième exprimant clairement le désir de ne pas s’étendre sur « sa personne » pour nous livrer ses réflexions tirées de toutes ces années consacrées au folklore réunionnais.

S’aidant d’une volumineuse encyclopédie, la professeur de danse traditionnelle laisse parler sa passion. Le mot folklore vient de l’anglais archaïque Folk signifiant peuple et Lore signifiant autant traditions que savoir ou science. « On pourrait le définir comme la connaissance interne des savoirs du peuple. Ainsi, contrairement à l’historien qui étudie de l’extérieur, le folkloriste s’attache, au sein de sa propre culture à étudier les savoirs communs aux différentes classes sociales afin de déterminer les marqueurs d’identité du peuple dans sa globalité ». […]