Eric Davy Ratsimbazafy : Un tisseur d’images
On est à Majunga, une ville où la vie tourne au ralenti en début d’après-midi à cause de la chaleur étouffante qui enveloppe la cité des Fleurs. Alors que la plupart des majungais se prélassent sur la plage ou à l’ombre, le jeune Eric Davy Ratsimbazafy a à peine le temps de respirer entre ses rendez-vous multiples. Ce n’est pas un homme d’affaire, juste un artiste-peintre qui a su tirer son épingle du jeu.
Le jour de notre entretien, Raphael était sur un chantier, une crèche qu’il va entièrement décorer par ses dessins afin d’offrir aux enfants un cadre convivial où ils auront envie d’aller tous les jours. Depuis l’année 2006 effectivement, l’artiste s’est focalisé corps et âme sur l’art et les dessins publicitaires afin de remplir sa gamelle. Un travail qui demande minutie, discipline et maitrise ; même pour un peintre chevronné que lui. Car pour le jeune homme, le dessin et la peinture était une évidence, un chemin duquel il n’a jamais dévié et qu’il a choisi depuis l’âge tendre de cinq ans.
Fils d’une couturière, il a subtilisé très tôt les craies de sa mère pour faire quelques dessins. « Mon premier dessin était un canard. En voyant que j’aimais dessiner, mes parents m’ont offert une aquarelle en cadeau d’anniversaire et depuis je n’ai plus arrêté de dessiner » se remémore-t-il en souriant. A l’école Notre Dame où il était scolarisé, il s’éclatait lors des heures de travaux pratiques pendant lesquelles il pouvait dessiner. Il n’hésitait même pas à voler quelques minutes précieuses des cours de Mathématique où il s’amusait à faire des bandes dessinées en s’armant de talent et d’humour.
Retour à la source
Bien qu’il ait fait de la peinture et du dessin son métier ; le contraignant ainsi a exécuté des commandes en longueur de temps, il n’a pas pour autant perdu son originalité et sa créativité. Il surprend d’ailleurs souvent ses employeurs avec sa petite touche personnelle qui rajoute du cachet aux commandes préétablies. Tous les chemins qu’on empreinte avec passion et talents mènent indubitablement vers l’art. Ainsi, outre son travail, il peint de temps en temps des tableaux en s’inspirant toujours des animaux.
Pour lui, faire de la peinture ne signifie plus de prendre un modèle et le reproduire comme à l’original. Toujours en quête de nouvelles techniques, il a trouvé aujourd’hui sa signature. Des tableaux sur fond noir, et pour représenter ses modèles il a fusionné le tissage et la peinture. Le rendu est juste singulier et donne l’impression qu’il a dessiné sur du tsihy (natte tissée typiquement malgache). « Je ne compte pas m’arrêter en si bon chemin de la création. J’adore tester de nouvelle technique de dessin ou poser mes œuvres sur des supports inédits » explique-t-il.
L’année 2021 sera pour Eric l’année de la réconciliation avec le cercle culturel car outre les expositions ventes qu’il effectue fréquemment dans les locaux du restaurant la Petite Cour à Mahajanga, en mi-février, ses œuvres seront également exposées dans le hall de l’Alliance Française de Mahajanga. Avec tous les projets qu’il a en tête, retenez bien le nom d’Eric Davy Ratsimbazafy car c’est un artiste qui fera bientôt beaucoup parler de lui.
Yanne Lomelle