Generation
Hip Hop :
home street home

Une grande partie de ce que nous sommes, c’est la rue qui la façonne. Sans doute parce que nous passons la majorité de notre journée dehors, en contact avec l’environnement extérieur. Parfois, cette réflexion sert d’excuses aux parents qui rejettent la faute sur la société et ceux qui sont « dehors » quand leurs enfants commettent des erreurs. Alors, quel genre d’individu pourrait-on créer avec une « culture de la rue » à la maison ? Parce que oui, les jeunes passionnés de Hip Hop des années 90 sont actuellement parents…Que pouvons-nous attendre de cette « génération » ?

Le hip hop est né d’une révolte, et souvent il est réduit à cette lutte contre une société conformiste qui marginalise ceux qui sont différents. Même ceux qui pensent représenter ce mouvement ont cette vision réductrice. Il y a même ceux qui exposent une philosophie complètement erronée. Pourtant, il faut reconnaître que cette culture, c’est aussi une génération de jeunes et moins jeunes qui ont du talent, des messages à faire passer, des emplois à créer et un mode de vie à adopter. Comment fait-on face à tous ces regards et ces jugements lorsqu’on est parent, alors qu’on a été un rebelle dans sa jeunesse ? Surtout si la société contre laquelle on s’est révolté n’a pas réellement changé d’avis ?

Lorsqu’on est parent à son tour, notre regard sur le monde change complètement. On est inquiet pour son enfant, on est tenté de « filtrer » ce qu’il écoute autant que possible, de le « cadrer » dans ce que nous pensons être adapté pour lui, de le « guider » vers le meilleur choix. Ne sommes-nous pas  – en quelque sorte – devenus ceux contre lesquels on luttait auparavant ? Certains diront que non, d’autres craignent que oui. Quoi qu’il en soit, Generation Hip Hop ambitionne d’être la référence sur cette culture, pour qu’on n’ait pas à se défendre à chaque fois qu’on croise ceux qui jugent, ceux qui refusent d’admettre et ceux qui incriminent injustement. Voici comment on est passé de « zaza ratsy taiza » à « Zaza Rap Taiza »…

Generation Hip Hop, dirigé par Ndaba Mandela, petit-fils de Nelson Mandela, est une organisation à but non lucratif. Ses activités s’articulent autour de quatre valeurs principales Peace, Love, Unity and Fun. Cette initiative a pour objectif de promouvoir les jeunes ayant comme point commun l’amour du hip hop. C’est ainsi que des programmes diversifiés sont élaborés pour aboutir à cet épanouissement : ateliers artistiques communautaires, éducation à travers le hip hop ou encore initiatives de responsabilisation des jeunes. D’autres volets ont des portées plus larges, comme le changement climatique, la lutte contre le trafic humain et même la lutte contre la faim. Les activités comprennent aussi des programmes de résolution de conflits ainsi que l’assistance aux réfugiés. On assiste ainsi à une organisation mature, responsable et citoyenne, au-delà des préjugés. Les ambassadeurs Generation Hip Hop dans les 54 pays représentent une organisation à vocation humanitaire et responsable, engagée dans le développement des passionnés du hip hop et de la société dans son ensemble.

 

 

Le samedi 15 juin 2019 marque le début de cette grande aventure pour Madagascar. C’est l’Alliance Franco-malgache d’Andavamamaba qui a accueilli le premier jet de ce que sera Generation Hip Hop dans la Grande île. Une conférence-débat et la deuxième édition du festival Zaza Rap Taiza ont été organisés .« La culture hip hop et le développement des jeunes », c’est sur cette question que les intervenants et les participants à la conférence ont réfléchi. Le programme a été particulièrement chargé et enrichissant, avec des interventions du rappeur K-Sad, du sociologue Toavina Ralambomahay et de l’ex-ministre de la culture Elia Ravelomanantsoa. Les prestations artistiques ont également été à l’honneur avec la participation de Doubl’e’nn, Takodah & Ngah B parmi les pionniers du rap malgache et les jeunes rappeurs de Kolotsaina Mainty. Generation Hip Hop Madagascar est présidé par Luis Herald Rasolondrainy. Cette présentation de Generation Hip Hop a expliqué les valeurs et les objectifs de cette organisation, dont le lancement officiel à Madagascar sera pour bientôt.

Avec cette nouvelle facette, le hip hop prend ses responsabilités au sein de la société. Elle n’est plus marginale, mais a trouvé sa véritable place. On devient donc « parent » pour forger une génération prête pour son avenir. C’est ainsi que la culture de rue a bâti sa home street home.

NA HASSI