Le monde n'est plus qu'un bal masqué

« Le besoin de séduire a existé de tous temps. Au moyen âge, c’est par la magie que les hommes tentèrent fréquemment d’y répondre » Maurice Guidici

 

Ces temps-ci, séduire n’est plus un besoin, mais une nécessité voire une véritable addiction. Les tours de carte et de passe passe n’impressionnent plus. Le magicien du XXIe siècle excelle dans l’illusion. C’est ainsi que le comédien se confond avec son personnage. Le masque finit par s’approprier le visage. On assiste alors à la malédiction des troubles de la personnalité, comme dans The Mask. Combien d’entre nous ont déjà agit par impulsion pour ensuite ne pas se reconnaître dans le comportement ? Combien ont dû porter ce masque maudit pour exprimer leurs pensées ? Combien ont réussi à se créer une nouvelle identité pour parler de ce qui les émeut ?

Si le besoin de séduire a toujours existé, l’addiction à la séduction reflète le mal qui ronge la société.  L’apparition quotidienne d’artistes témoigne de ce fait. Plus il y a de « porte parole », plus il y a de paroles à porter. Nul besoin d’être anthropologue, chercheur en sociologie ni d’avoir un diplôme en psychologie pour comprendre à quel point cette société est dans la souffrance.

 

Au delà de cette nécessité de séduire, il existe un autre niveau une pratique encore plus dangereuse. Celle-ci se reflète par un comportement quasi collectif, comme une sorte de « convention » implicite. Ce danger, c’est le besoin de plaire en ridiculisant les autres. On ne mesure pas souvent la portée d’un clic, d’un partage et des mots sur les réseaux sociaux. On s’amuse, on rit, on se moque des moins beaux que soi, des moins intelligents que soi, des plus ridicules que soi. C’est par ces « autres » qu’on parvient à se valoriser et à séduire. Maurice Guidici lance également que « au point zéro, l’art de plaire est d’abord celui de ne pas déplaire ».  Il reste seulement de savoir « à qui ? » on ne veut pas déplaire.

C’est le groupe ou la communauté qu’on souhaite séduire qui nous offre le masque qu’on va porter et qui finira par dévorer et effacer noq traits de personnalité. Si les hommes du moyen âge séduisaient par la magie, ceux du XXIe siècle le font par la comédie. Le monde ne serait plus qu’un bal masqué géant. Il faut faire attention car si le masque tombe, il faut se rabaisser pour le récupérer.

NA HASSI.
Illustration : Sleeping Pop