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Le théâtre utile de la compagnie Miangaly

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Par Lova Rabary-Rakotondravony

L’image que les Malgaches ont du théâtre fait que l’on pense que cet art n’existe plus à Madagascar. Mais s’il n’y a pas de théâtre malgache, c’est parce qu’il existe plusieurs théâtres malgaches. Chaque compagnie vit de son théâtre et le fait exister malgré les difficultés. La compagnie Miangaly dirigée par Christiane Ramanantsoa et Fela Razafiarison met son théâtre au service de la société et des individus. Les deux femmes parlent d’un « théâtre utile » et d’un « théâtre outil ».

 

D’un côté, la jeune femme. Fela Razafiarison. La trentaine environ. Aux cheveux courts. Des yeux qui pétillent de malice. Le sourire éclatant. De l’autre, l’aînée, les cheveux grisonnants en catogan. Christiane Ramanantsoa. Le regard plus mûr mais tout aussi étincelant. Un sourire chatoyant. Son ton estplus mesuré, plus lent quand elle parle, alors que chez sa cadette, le débit est plus fluide, plus rapide. Pendant que l’une donne l’impression de chercher ses mots, de réfléchir avant de s’exprimer, l’autre se montre volontiers plus volubile, très à l’aise pendant l’interview.

 

Mais les deux femmes sont animées de la même passion. Leur amour pour le théâtre, on le sent, vient du plus profond d’elles-mêmes. Sont-elles d’ailleurs en représentation quand elles répondent aux questions ? Les répliques paraissent sincères. Sans artifice. Sans mise en scène. Mais le théâtre n’est-il pas, de toute façon, l’expression de ce que les gens ont au fond d’eux-mêmes ? Quand bien même auraient-elles été dans un jeu d’acteur, elles n’auraient interprété que leur propre rôle : celui de deux femmes qui promeuvent leur art, et qui défendent, envers et contre tout, la manière dont elles l’adaptent à l’air du temps et au contexte de Madagascar.