Note de lecture :

Les portes closes de Davina ITOO

« Où pourrais-je cacher les histoires qui grouillent sous ma peau ?» demande la narratrice dans Les portes closes de Davina ITOO. On aura beau enfouir tous nos secrets, le vent des aveux dessèche les lèvres silencieuses. Il y a des histoires qu’on n’a pas le droit de raconter, mais surtout, il y a des gens qu’on n’a pas le droit de rencontrer.

Il y a des moments où nos pensées les plus intimes menacent de déborder. Elles risquent de nous dévorer et de laisser nos amours s’évaporer. Dans la vie, il n’y a qu’une seule certitude : la mort. Le reste, on improvise. Le reste, on fait avec. Le reste, on fait « comme si ». Le reste, on fait comme on peut. On aura beau se dire que tout est fin prêt, que tout est prévu, mais un rien suffit pour tout faire basculer. Parfois, on croit toutes les portes ouvertes et qu’il nous faut juste tourner les poignées. Puis, un coup de vent les claque subitement – une à une ou toutes d’un coup – et nous voilà enfermés à jamais avec nos croyances. Voilà le plus grand danger auquel nous avons peur de nous exposer : nous retrouver enfermés avec nos pensées secrètes et nos rêves interdits. Alors, nous tremblons de tous nos membres. Ce ne sont pas nos jambes qui se dérobent, mais nos valeurs et nos principes. Ce ne sont pas nos poumons qui s’étouffent, mais nos attentes et nos regrets. Ce ne sont pas nos yeux qui pleurent, mais nos cœurs endeuillés des séparations. Parce qu’il y a pire que la mort : la séparation. Parce qu’il y a pire que la séparation : un départ sans adieu. Parce qu’il y a pire qu’un adieu : le vide qu’il laisse. Parce qu’il y a pire que le vide : la peur de la solitude.

C’est dans la solitude que l’appel des absents nous parvient. C’est dans l’absence que l’écho des départs retentit en nous. Alors, on brode des conversations à partir de ces silences. Alors, on tricote des vies avec le fil de nos souvenirs. Nos pensées se sentent à l’étroit derrière les portes closes, mais de l’autre côté, c’est la reine maléfique qui attend, souveraine et sans pitié. Mais y-a-t-il pire que le départ d’un amant ? « D’un côté, des mondes qui se disloquent et de l’autre, les rêves d’une jeune fille » (p.22) … Voici le moment d’ouvrir « Les portes closes » pour libérer tous ces incertitudes emprisonnées en nous-mêmes…

NA HASSI
Illustration : Sabella Rajaonarivelo