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Volcanisme dans l'Océan Indien

Dossier

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Pièce de théâtre pour jeune public
Nelson & le volcan

Par Emmanuel Genvrin – Illustrations. Luko

 

1. Au Piton de la Fournaise

Récitant(e). Ce jour-là, au Piton de La Fournaise, madame Desbassayns était en colère. Elle faisait régner un grand désordre, elle brûlait la forêt et creusait de nouveaux cratères. Elle pleurait et des trombes d’eau noyaient la montagne, elle crachait et un épais brouillard effaçait l’horizon. Pour sûr, madame Desbassayns se faisait du souci.

Madame Desbassayns. Ah malheur ! Je n’en peux plus, je suis à bout. Grandiab ! Grandiab, réponds-moi ! Réponds-moi sinon j’explose de colère ! (Elle se fâche, puis se radoucit.) Grandiab mon amour, mon chéri, mon amoureux, c’est ta mignonne madame Desbassayns adorée qui t’appelle. Réponds-moi, mon trésor…

Grandiab. Qui trouble mon sommeil, qui ose me réveiller ?

Madame Desbassayns. C’est madame Débasinette.

Grandiab. Ah c’est toi vieille ganache, madame Desbassayns,

Granmèrkal. Que me veux-tu ?

Madame Desbassayns, en aparté. : Arrgh, il se moque de moi ! (Radoucie.) Gentil Grandiab, je n’en peux plus. On m’a donné le volcan comme demeure et, depuis, j’en étais la maîtresse. La population me craignait, pas un colon n’osait s’installer ici ou alors je le martyrisai et je lui jetai un sort. Aujourd’hui tout part à vau-l’eau : les touristes sont de plus en plus nombreux et envahissent mon domaine. Ils ne respectent rien, ils pique-niquent sur mon piton, ils vont, ils viennent et ils emportent des morceaux de lave comme souvenir. C’est pourtant interdit et inscrit sur un panneau ! Ils parlent l’anglais, l’allemand, le malgache alors que moi, je ne comprends que le créole et le français. Comme tu vois, Grandiab, sur le Piton de la Fournaise, madame Desbassayns ne connait plus le repos.

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Interview
Magma Mater, Françoise SYLVOS

Par David Rautureau – Photos. Corine Tellier – Illustrations. Luko

 

En 2005 fut publié un ouvrage collectif dirigé par Françoise SYLVOS et Marie-Françoise BOSQUET, fruit d’années de recherches pluridisciplinaires aussi bien dans le champ scientifique que poétique : Magma mater, l’imaginaire du volcan dans l’Océan Indien. Françoise Sylvos, professeur de littérature française à l’Université de la Réunion, revient sur ce passionnant ouvrage.

 

Indigo. Tout d’abord, d’où vous vient cette affinité avec le thème du volcan ?

Françoise Sylvos. Le volcan est souvent la métaphore de la passion et je pense qu’il y a des affinités personnelles profondes entre le sujet et moi. Je prends les choses à coeur ! Je crois que c’est aussi lié à d’autres recherches qui portaient sur les rapports entre la littérature, la politique et l’histoire. Par exemple, au XIXè siècle, époque de séismes révolutionnaires surtout autour de 1830, les auteurs de gauche ont fait un parallèle entre le contexte politique et le volcan, symbole de la colère qui gronde, de l’éruption révolutionnaire qui se prépare.

 

I. Comment est né ce livre Magma mater, l’imaginaire du volcan ?

FS. En décembre 2001 eût lieu un colloque international intitulé Mémoire du volcan et modernité à l’initiative de l’Université de Clermont Ferrand II. Des enseignants-chercheurs français mais aussi étrangers furent conviés à l’événement. Des membres de l’université de la Réunion y participèrent. De ce colloque naquirent deux ouvrages : Magma mater, l’imaginaire du volcan dans l’Océan Indien et un autre sur la littérature occidentale – principalement française mais avec des incursions au Japon, aux Etats-Unis. Si les deux ouvrages sont intéressants, Magma mater l’est d’autant plus que l’étude du volcan dans ses dimensions culturelle et médiatique dans l’Océan Indien n’avait jamais été menée.

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Reportage
Antsirabe, En bons thermes

Par Raoto Andriamanambe – Photos. Nathanaël Olivéria, Henitsoa Rafalia

 

Sur les hauts-plateaux de la Grande île, dans la région du Vakinankaratra, le legs du volcanisme se matérialise par des sources thermales prisées et par un lac rempli de mystères. Le givre saupoudre de ses effets opalins les flaques d’eau qui s’amoncellent. Il s’incruste même sur les pare-brise qui se parent d’un fin manteau glacé. Antsirabe, « là où il y a beaucoup de sel » – depuis des temps lointains on venait à Antsirabe pour utiliser son sel –, la capitale de la région Vakinakaratra, située à 168 km d’Antananarivo, démonte la carte postale idyllique dépeinte pour une île tropicale. Mais cela fait partie de son charme. Antsirabe est une exception.

 

”Cité thermale„

Justement, ce matin, la morsure du froid est plus intense que les autres jours. L’hiver pointe le bout de son museau. Le froid vif confère à la cité une prodigieuse douceur. Même si cette région est réputée pour la rudesse de ses matinées, le sous-sol renferme, quant à lui, de grandes sources de chaleur. Le souffle du tireurs de pousse-pousse fend l’air gorgé d’humidité. Il nous emmène vers le centre de cure thermale d’Antsirabe, situé en plein coeur de la ville historique. Il est à peine 5 heures du matin mais la piscine municipale, avec ses deux bassins, est déjà remplie de monde, une multitude de personnes à la recherche de cette eau chaude vivifiante. Le bassin que nous choisissons est petit et peu profond, mais on y transpire littéralement. L’eau est si trouble qu’on ne voit pas le fond à cause des minéraux. Le centre est alimenté régulièrement par de l’eau puisée des sources chaudes. Les vitraux dessinés, qui font office de fresques, lui donne un cachet légèrement suranné et lui confère une atmosphère particulière. D’ailleurs, l’impression d’un passé qui ne semble pas révolu est souligné par le bâtiment colonial des thermes, complété, bien après, par un centre thermal qui ressemble, à s’y méprendre, aux bâtisses d’acier et de béton des années 1970.

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Reportage
Itasy, Relent de volcan

Par Lova Rabary-Rakotondravony – Photos. Iloniaina Alain, Go Travel

 

C’est parce que ses sols et ses lacs sont volcaniques, ses rivières minéralisées que l’Itasy est devenue cette zone fertile qu’elle est aujourd’hui. L’héritage laissé par les activités volcaniques de cette région située à une centaine de kilomètres d’Antananarivo lui a aussi donné un intérêt touristique certain.

Aucun risque que des volcans entrent en éruption sur la Grande île. C’est du moins ce que disent les spécialistes. Ceux qui existent à Madagascar sont, pour l’instant, inactifs. Des séismes ont parfois leur épicentre dans ces zones volcaniques, notamment dans l’Ankaratra, situé au Sud d’Antananarivo, et l’Itasy, à l’ouest de la capitale, mais ils ne proviennent pas d’un magma qui monte. Ils sont plutôt dus à de la réactivation magmatique, quand du magma qui a monté redescend.

”Rumeurs„

Des rumeurs d’éruption volcanique ont aussi circulé dans l’Itasy, région dont le chef-lieu se situe à Miarinarivo, à 135 km à l’Ouest d’Antananarivo, à la fin des années 90, au début des années 2000. Aucune recherche scientifique sérieuse n’a pourtant confirmé les suspicions qui ont existé à l’époque. Deux chercheurs suisse et malgache des Universités de Suisse et d’Antananarivo ont tenté de mener des enquêtes autour d’éventuelles activités sismiques du puy de Gasige (lire Gassigué) ou Kassigie, mais celles-ci n’ont finalement pas été concluantes.

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