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Analakely, une galerie d’art de fortune

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Par Yanne Lomelle

A quelques mètres de l’Avenue de l’Indépendance, sur des étalages de fortune, des marchandises d’un autre genre trônent. Des tableaux vendus à même le trottoir, comme l’on vend des fruits ou des légumes, égayent la rue. Le lieu de vente de ces tableaux n’enlève rien à leur valeur. Bien au contraire, cela démontre clairement et nettement que la peinture fait partie intégrante de la culture malgache.

 

Grandeur

A l’ombre des toiles exposées en pleine rue, Jo Andriananja s’abrite pour éviter les coups de soleil. Sous ses traits rudes, nul ne peut deviner sa grandeur en tant qu’artiste. Quand il n’est pas dans son atelier, il aide à écouler ses tableaux sur son étal à Analakely. « Nous sommes une dizaine d’artistes à nous partager cette espace afin d’avoir plus de visibilité pour nos tableaux », a-t-il précisé. Ne pouvant pas définir avec exactitude le nombre de toiles qu’il vend sur place, Jo nous annonce qu’il vend approximativement 4 tableaux par jour. Le prix varie entre 120 000 à un million d’ariary. Comme la plupart des peintres qui vendent leur tableau à Analakely, Jo Andriananja est loin d’être un amateur. « J’ai fait ce métier depuis plus de 20 ans. Chaque année, j’expose dans des endroits huppés d’Antananarivo », soutient-il avec fierté.

 

Visionnaire

Las de se faire exploiter par de tierce personne, Jo Andriananja, et les autres peintres, affirment qu’ils s’en sortent mieux en vendant dans la rue et ne souhaitent même pas la naissance d’une structure légale pour pouvoir exposer leur tableau. Autodidacte, il a eu le privilège de grandir avec des parents qui l’ont initié à cet art. Quand il tient sa « boutique », il en profite pour lire des ouvrages qui traitent de la peinture moderne. Selon ses dires, les tableaux représentant des paysages « atypiques » sont les plus prisés par les acheteurs, même si notre artiste aime varier les styles. « Je fais ce travail par amour pour la peinture. Mes tableaux sont les reflets de mon état d’esprit ». Sur l’avenue d’Analakely, ils sont une bonne dizaine de peintres à partager la même passion que Jo Andriananja. C’est un aspect de l’art à Madagascar à découvrir sans modération.

Photo : Andry RANOARIVONY