Circoncision : Une tradition qui survit à la pauvreté
Par Yanne Lomelle
L’hiver malgache est la période où se déroule le rite de la « circoncision ». Au-delà de sa dimension culturelle, médicale et hygiénique ; le volet économique est à prendre en compte car vu la précarité de la situation socioéconomique des habitants de l’île, chaque année, cela devient de plus en plus difficile de perpétuer cette tradition.
Il est trois heures du matin et le quartier de Besarety ne dort toujours cadencé par une sonorisation assourdissante qui diffuse bruyamment une musique populaire. Le brouhaha émane d’une maison modeste où une vingtaine de personnes s’efforcent à faire la fête. Dans un lit à deux places trônant dans la pièce principale, cinq enfants de bas âge, de sexe masculin ; vêtus de malabar dorment, fatigués d’une journée qui a été plus que longue pour eux. Ce sont les rois de la fête, car cette célébration de fortune a été concoctée de toute pièce par leurs parents pour rendre aussi mémorable qu’il soit leur circoncision. Pour ces trois familles qui ont décidé d’unir leurs moyens ; c’était la meilleure manière de procéder. Malala, mère de deux des enfants qui ont été circoncis témoigne « la circoncision est une étape obligatoire dans la vie d’un jeune garçon malgache. Avec mon mari nous avons eu deux choix, celui d’appeler le médecin et de procéder à la circoncision d’une manière privée sans fête ou unir nos moyens avec nos voisins ». Et Malala et son mari ont décidé d’opter pour la seconde option car elle ne veut pas priver son enfant de cette fête. Les charges pour la prestation du médecin, la nourriture et l’alcool sont moins lourdes avec la contribution de chaque famille. Comme Malala, de nombreuses familles tananariviennes ont procédé pareillement et il est devenu de plus en plus fréquent d’assister à des circoncisions collectives. A ce rythme, le rituel de la circoncision risque d’évoluer et de prendre une nouvelle forme au nom de la précarité économique.