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Diego-Suarez : Réalité VS Rade Terminus

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Par Yanne Lomelle

Réalité VS Rade Terminus

Nous sommes un vendredi matin, l’horloge indique plus de 9h30, l’heure du petit déjeuner à la Diégolaise. Sur La terrasse d’un restaurant très populaire de la ville, deux amis (des blancs) d’un certain âge prennent leurs cafés à l’ombre et se racontent leur soirée de la veille. Leur conversation mérite bel et bien d’être souscrite dans le chef d’œuvre de Nicolas Fargue intitulé Rade Terminus qui parle de cette belle ville de Diego-Suarez.

Dire que ces deux personnes mériteraient des rôles dans Rade Terminus est un euphémisme car en vérité ils y sont déjà. La veille effectivement, il y a eu un concours de Salegy ( danse traditionnelle de Madagascar) au Taxibe et nos deux personnages nous racontent comment les filles leurs tournaient autour de manière aguicheuse.  Des détails croustillants sur leur flirt avec les filles sexy de Diego-Suarez. Une discussion qui rappelle une scène clairement dépeinte dans la page 203 et bien plus de rade terminus.

A Diego-Suarez, l’accueil du livre Rade Terminus a été plus que mitigé. Certaines personnes reprochent à l’auteur d’avoir fait un tableau trop sombre de cette ville et pourtant tous admettent que le roman est quand même basé sur fond de vérité.

 

« La vérité si je mens »

Il est toujours difficile de se lire, voir sa vie ou sa ville être le centre d’un roman. La réaction des habitants de la ville est plus que compréhensible d’autant plus que l’auteur n’a pas cherché à embellir la réalité. Dix ans après la sortie du livre de Nicolas Fargue, à Antsiranana les choses sont pourtant restés à peu près la même. Pour mieux se repérer focus sur l’aéroport d’Arrachart. Ceux qui ne sont jamais venus à Diego-Suarez et qui ont lu le livre revivront la même précipitation des taximan sans oublier les 4L toujours au rendez-vous. S’il y a une chose qui a évolué depuis le tableau peint par Nicolas Fargue, ce serait l’introduction des Bajaj devenus le premier moyen de transport dans la ville. Dans les rues, les jeunes filles courtes vêtues dévisagent toujours autant les blancs dans leur voiture. Au-delà des scénarios servant de ligne conductrices aux récits de Fargue, le dynamique relationnel entre les diverses communautés habitant les lieux est resté exactement le même. Comme le dit si bien l’auteur : « bref Diego c’est toujours l’aventure et c’est toujours le bout du monde. On s’étonne d’ailleurs que le coin n’ait pas davantage inspiré les romanciers de seconde zone».

Illustration : Nino.