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Issa Asgarally, “On écrit toujours le même roman”

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Par Aline Groëme I Photographie. Nico

Dans le cadre des 50 ans de l’Indépendance de Maurice, Issa Asgarally, docteur en linguistique de l’université Paris V-René Descartes et auteur, publie « Une Anthologie littéraire de 1778 à nos jours ». L’ouvrage est préfacé par Jean-Marie Le Clézio, prix Nobel. Tous les genres y sont représentés avec des textes en français, en anglais, en créole mauricien, mais aussi en hindi et en tamoul. Maurice, une île où l’on écrit beaucoup.

 

Indigo. Compiler des écrits liés à Maurice, sur plus de deux siècles et demi d’histoire. Quelle image de l’île renvoie cette littérature de 1778 à nos jours ?

Issa Asgarally. Ce n’est pas un exercice universitaire. Avec une anthologie, on donne avant tout à lire. Bien sûr, il y a une petite note biographique, une présentation parfois signée par des universitaires mauriciens, comme Sachita Sambhoo, Nandini Bhautoo-Dewnarain ou encore Vijayen Valaydon (docteur es lettres, actuellement ambassadeur de Maurice à Paris, N.D.L.R.). L’introduction ne fait pas 30 pages, elle est brève. J’ai seulement voulu partager. Ce sont des textes qui me sont chers. Ce sont des auteurs que je connais parfois personnellement. La plupart des écrivains sont souvent des amis. Certains textes viennent d’Italiques (revue littéraire animée par Issa Asgarally qui a connu 12 numéros publiés entre 1990 et 2009, N.D.L.R.) que j’ai repris. J’y ai ajouté des textes, dans le cadre des 50 ans de l’Indépendance de Maurice. En revanche, Jean-Marie Le Clézio, qui signe la préface, a réfléchi aux textes. Il dit de Maurice que c’est une île où l’on écrit beaucoup. Comme il est président du prix Jean-Fanchette (prix littéraire ouvert à tous les genres qui se tient tous les deux ans. Issa Asgarally en est le coordinateur, N.D.L.R.), il est au courant de ce qui s’y écrit.

 

I. À Maurice, on écrit pour dire quoi ?

IA. Jean-Marie Le Clézio répond à cette question. Moi, je n’ai pas voulu livrer de commentaires. (Il cite Le Clézio 🙂 « Ce vice impuni de la littérature répandue dans notre île depuis le commencement. Est-ce la beauté du pays ? Est-ce la séparation du reste du monde ou bien plus simplement, ce goût de l’imaginaire que développent ceux et celles qui vivent dans un espace clos, soumis aux difficultés de la promiscuité et de l’injustice sociale. » Bon, il y a des textes où il n’y a pas tous ces éléments, on les aime, on les lit pour le plaisir. (Il continue 🙂 « Cela a à voir avec le visage même de Maurice et des Mascareignes. Le mélange de douceur attendrie et de violence que l’on ressent devant la Nature. » Si parfois certains écrits sont un peu forts, il ne faut pas oublier que Maurice a connu l’esclavage et l’immigration indienne. Ainsi que les cyclones et les épidémies.