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Mbolatiana Raoilison dit Clipse Teean

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Recueillis par Andry Patrick Rakotondrazaka l Photos. Andry Randrianary

C’est à travers le rap que Mbolatiana Raolison, Clipse Teean de son nom d’artiste, a découvert et appris le graffiti.Alliant grâce et énergie, l’une des rares femmes malgaches à exceller dans cet art urbain, fait passer ses messages sur les murs, quitte à passer pour une vandale. Mais le graffiti n’est-il pas, par essence, l’art de vandaliser et une forme d’expression de sa rébellion ? Entretien avec une belle rebelle.

Indigo. Une femme qui fait des graffitis, c’est plutôt rare à Madagascar, mais c’est l’art que vous avez choisi. Pourquoi ?

Clipse. Le choix de faire du graffiti reflète surtout ma passion pour la culture hip hop. C’est un art qui me passionne car il conjugue à la fois douceur et violence. A travers le graffiti, je peux laisser libre cours à mes émotions et exposer ma personnalité. Au début, mes amis m’avaient demandé de rapper, mais je me suis toujours plu à rester dans l’art visuel, cet art du silence qui fait tout autant de bruit en s’affichant et en émerveillant d’un seul regard. Cet art reste et représente au-delà des mots mes inspirations et mes idées. Je suis de nature timide et je me sens plus à l’aise pour m’exprimer sur les murs que je sublime de mes créations. C’est pour toutes ces raisons que j’ai choisi le graffiti.

I. Vous ne vous sentez pas un peu seule dans un milieu qui semble, à première vue, dominé par des hommes ? Ne vous sentez-vous pas comme une intruse ?

C. Le graffiti est effectivement l’une des rares disciplines artistiques où la gent féminine est la moins représentée à Madagascar. Les hommes dominent en nombre dans ce milieu. Cela ne me dérange pas du tout, au contraire. J’ai su d’emblée imposer ma patte et mon style pour me démarquer du lot. Loin d’être une intruse, j’ai pu susciter le respect de mes pairs tout en valorisant mon talent à leurs côtés. Avec mon propre style qui mélange les lettrages et les portraits, je peux plus facilement partager une certaine éthique et mes principes qui fédèrent. De ce fait, mes inspirations et mes créations parlent aussi bien aux hommes qu’aux femmes.

I. Le graffiti est un art de rebelle, de vandale. Avez-vous une âme de rebelle ? Un esprit de vandale ?

C. On est tous rebelle dans l’âme. En chacun de nous bouillonne une forme de rébellion qui se doit parfois d’être extériorisée. Comme on dit, il n’y a que les poissons morts qui suivent le courant. Certes, je peux être considérée comme un vandale, mais je ne vandalise pas n’importe comment. En fait, à travers mes fresques, je peux non seulement sublimer un lieu, mais en plus, je lui donne une raison d’être, car je revendique à travers lui un message bien précis et fédérateur.

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