Classé parmi les patrimoines immatériels de l’Unesco, le savoir-faire en sculpture sur bois des Zafimaniry est en danger et risque de disparaître. A Madagascar, cette annonce n’a plus rien d’un scoop et pourtant on est loin d’avoir compris l’ampleur réelle de la situation. Sculpteur de profession Guy dévoile la dure réalité de cet élément essentiel de la culture Zafimaniry.

Juste à côté de la mairie d’Antoetra, dans une maison typique Zafimaniry, Guy le sculpteur tient une boutique d’article de cadeaux. C’est une étape obligatoire pour tous les touristes qui viennent visiter le site culturel d’Antoetra. Pourtant, malgré le fait qu’il a le quasi-monopole de la vente des articles sculptés, Guy affirme que ce travail ne lui permet de subvenir au besoin de sa famille. « La sculpture ne me permet pas de nourrir ma famille, ainsi je passe plus de temps dans les champs qu’à faire mes œuvres » nous confie-t-il. Pour l’artisan, il a fait ce travail à cause des concours de circonstance mais il va sans dire que ce n’était pas le boulot de ses rêves. A cause des problèmes de santé, il a dû arrêter son travail de guide touristique et a commencé à s’initier à la sculpture. C’était il y a 8ans. Et aujourd’hui, cet art n’a plus de secret pour lui. Il informe les touristes qui viennent dans sa boutique les motifs qui sont propres au Zafimaniry pour que ces derniers en reconnaissent l’authenticité et il s’ouvre à d’autres styles. Père d’un adolescent, il a affirmé lui-même qu’il ne veut pas que son enfant suive cette voie et l’encourage activement à faire des études. A Antoetra, la population commence peu à peu à se désintéresser de cet art. Le début de la disparition d’un savoir-faire unique.

Quand on parle de la sculpture Zafimaniry, on s’attarde essentiellement sur la disparition de la forêt en oubliant le facteur humain. Et l’histoire de Guy est là pour nous le rappeler.