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Christine Salem, "L'affranchie"

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Par David Rautureau I Photos. Corine Tellier

Le 20 décembre dernier, lors de la fèt Kaf, Christine Salem célébrait ses vingt ans de carrière au cours d’un grand concert organisé au Barachois. Considérée comme l’une des ambassadrices du maloya, elle revendique bien d’autres influences et ne se laisse enfermer dans aucun cadre, guidée par son instinct et son extrême sensibilité.

 

Christine Salem c’est d’abord un nom. Un nom qui sonne comme le titre d’un roman promettant mystère et magie au lecteur. Il évoque à la fois l’ancienne Jérusalem, berceau des trois grandes religions monothéistes, et une petite ville du Massachussets, théâtre d’un mythique procès en sorcellerie, à la fin du XVIIè siècle. Sa date de naissance, un 20 décembre, convoque 1848 et l’annonce de l’abolition de l’esclavage à la Réunion. On raconte qu’au soir de ce jour historique, les Noirs, enfin libres, se rassemblèrent au Barachois pour un immense kabar.

Au vu de ses attributs, Christine aurait-elle été élue par quelque facétieuse divinité afin d’entretenir l’esprit d’un maloya que les premiers esclaves de l’île, arrachés à l’Afrique, eurent pour seul bagage ? Une culture longtemps gardée dans l’intimité des familles cafres comme autrefois la braise, précieuse et fragile. Cette musique « spirituelle, mystique, intimement liée aux cérémonies des ancêtres » dixit Salem, parle pourtant à des millions d’êtres sur cette planète. Bientôt la chanteuse, en bonne thuriféraire, portera loin du foyer originel la flamme du maloya.