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Alain Gordon-Gentil

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Par Aline Groëme-Harmon I Photos. Nico

Donner la parole aux Mauriciens qui ont fait le choix de l’ailleurs. Que ce soit en Australie -avant l’indépendance en 1968, la France, le Canada. C’est le propos du film-documentaire d’Alain Gordon-Gentil, « Les Enfants de l’exil ». En filigrane, la relation amour-haine, de Maurice, avec ses enfants de l’étranger.

 

Indigo. Quand on gratte le vernis du lien affectif des Mauriciens d’ailleurs avec leur pays d’origine, que trouve-t-on ? Un sentiment de rejet, une peur de l’autre ? A. Gordon-Gentil. Non, je n’ai pas senti cela. Ce qu’il faut surtout dire, c’est qu’aucune émigration ne ressemble à une autre. Chacun a ses raisons, ses peurs, son envie d’aventure, d’aller voir ailleurs. Je n’ai vu personne qui rejette Maurice. J’ai vu des souffrances profondes de personnes qui vivent avec le sentiment qu’on les a forcées à partir, d’autres qui pensaient que l’Indépendance serait une calamité. Pour certains, cette peur était économique. Comment allait faire cette petite île pour vivre ?

Pour d’autres c’était du sectarisme pur jus. Pas question de vivre dans un pays qui, pour eux, allait subir l’hégémonie hindoue. J’en ai vu qui, au seul nom de Seewoosagur Ramgoolam, ressentent, 50 ans plus tard, encore de la colère. On oublie aussi de préciser le rôle qu’ont joué certains journaux dans le fait d’alimenter cette colère. Si vous lisez Le Mauricien ou Le Cernéen de cette époque, vous serez édifié. Si vous lisez l’éditorialiste André Masson, vous êtes parcouru de frissons de dégoût. C’était du racisme pur, déguisé sous une belle langue avec une épaisse couche de maquillage mystique. Ça transpire à chaque ligne.