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Mythos : un festival des arts de la parole et de la bouche

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Par Jean-Pierre THIBAUDAT

Le festival Mythos est associé à un autre festival, celui des toqués de la cuisine. Les deux arts de la bouche se côtoient, s’épaulent, se font des bises. Le conte, ancêtre des arts de la parole, est un puits sans fond où il fait bon se ressourcer pour ne pas prendre les perdreaux de l’année dernière pour des canards sauvages, lesquels ont un goût incomparable, tous les chefs vous le diront.

 

Depuis vingt-deux ans qu’il existe, Mythos a connu bien des aventures mais il est resté un exceptionnel festival des arts de la parole. Que cette dernière soit balbutiée, murmurée, affirmée, chantée, théâtralisée ou bafouée. Il y en a pour tous les goûts. Difficile de ne pas trouver de quoi picorer et donc se restaurer.

 

Quand le journaliste devient conteur

Cela tombe bien car le Festival se double d’un autre festival, celui des toqués de la cuisine, aux mêmes dates – cette année, du 29 mars au 7 avril – et dans un des lieux du premier festival, les jardins du Thabor à Rennes. Midi et soir, on pouvait se régaler ou se consoler entre deux spectacles plus ou moins nourrissants, certains ouvrant l’appétit, d’autres donnant la nausée, d’autres enfin donnant l’envie de se mettre à table pour oublier ou pour fêter ça. Car, comme souvent dans un festival pléthorique (une quarantaine de propositions en dix jours), il y avait à boire et à manger.

Historiquement, monsieur le conte est un seigneur du festival Mythos. Il le reste. La preuve par la conteuse Layla Darwiche. Elle a de qui tenir. Sa grand-mère, sans exercer la profession de conteuse, connaissait beaucoup de contes orientaux que le vent apportait du village d’à côté ou de l’autre côté de la montagne, jusqu’à Marwaniyé, un petit village du Sud-Liban. Sa curiosité était phénoménale autant que sa mémoire. Et les copines de la grand-mère n’étaient pas en reste. Bref, chaque maison était une bibliothèque orale. Lorsque son fils Jihad, qui avait été bercé de contes pendant toute son enfance, partit vivre à Saïda, le jeune homme comprit que le conte n’était pas une spécialité de son village mais un trésor vivant de tout l’Orient.

Après des études à Beyrouth, il prit le chemin de Montpellier pour les achever. Journaliste sept ans durant, il exerça cet étrange métier où il arrive que rendre compte s’apparente au rendre conte, ce n’est pas les Kessel ou les Albert Londres qui me démentiront. Et puis un soir, l’esprit de sa mère lui caressa la nuque et Jihad Darwiche devint conteur. Cela fait vingt-cinq ans que cela dure et ce n’est pas prêt de s’arrêter, d’ailleurs les contes pas plus que les conteurs n’en fissent jamais : un conte en cache toujours un autre et il en va de même pour les conteurs, la preuve par Layla..

La fille de Jihad, Layla – un prénom beau comme la nuit – ne pensait pas devenir conteuse mais on ne lutte pas contre l’évidence : son bain de jouvence est devenu son gagne-pain. Et la voici qui nous raconte une histoire de pain, celui que fabrique l’héroïne de son spectacle, Messaouda, qui pourrait bien ressembler à sa grand-mère mais n’allons pas lui demander, écoutons-la. La voix douce et naturellement enchanteresse de Layla Darwiche s’accompagne de gestes qui s’en tiennent à de justes esquisses. On voyage loin en l’écoutant nous emmener dans Le Voyage de Messaouda.

 

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