Évasion Littéraire

RADAMA III - Episode 3

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Par Raoto Andriamanambe l Illustration d'Andou Baliaka

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L’exemplarité avait été érigée en dogme par la reine Ranavalona IV. Durant 60 ans de règne, il n’y a jamais eu un mot de trop, ni de geste déplacé. Même quand le président Nicolas Sarkozy avait visité la Grande île et avait affirmé, de manière à peine voilée, que « la restitution des Iles Eparses était un problème juridiquement complexe », la Reine resta stoïque et avait placidement répondu dans son discours : « à la résolution des problèmes compliqués, on reconnait les grands hommes d’Etat ». Elle avait fait évidemment allusion aussi bien aux capacités de son interlocuteur qu’à sa…taille. Son éducation française et des études brillamment menées à Sciences po constituaient une force incontestable pour la reine. Elle était à l’aise avec tous les « grands » de ce monde. Elle représentait la fierté malgache.

On lui attribuait les « Trente glorieuses malgaches », c’est-à-dire la période située entre 1970 et les années 2000, qui avaient permis un bond spectaculaire de l’économie malgache. La croissance économique tournait autour de 12 % par an. En réalité, cette réussite était imputable davantage à Charles Darwin Rainiharo qu’à la reine qui n’avait que des fonctions représentatives. Le Premier ministre qui prit fonction deux ans après l’indépendance avait une vision bien définie de ce que devait être Madagascar au sortir de l’indépendance, dans les années 90 et dans les années 2000. Il s’était fixé un cap et ne s’y est jamais dévié.

Il faut aussi reconnaitre que les maisons royales, de l’Imerina jusqu’à l’Antandroy avaient épousé sa cause, lui le Hova. La reine Ranavalona IV était elle-même acquise à sa cause. D’aucuns leur avaient prêté une liaison, que l’intéressé avait toujours nié, jusqu’à son lit de mort. Le fait est que le « couple » avait mené Madagascar jusqu’aux cimes de l’Afrique. Tandis qu’une grande partie du continent s’appauvrissait, ou était à la merci de guerres civiles, Madagascar était épargné et connaissait une trajectoire économique ascendante qualifiée de « miracle à l’africaine », par les économistes de la Banque Mondiale.

Les infrastructures de la Grande île n’avaient rien à envier à celles de l’occident. Dans les années 70, des autoroutes desservant les grandes villes de Madagascar avaient commencé à être construites. En 1995, le chantier titanesque de « Route de la concorde », imaginée par un jeune officier de la marine, Didier R., dans les années 70, qui ceinturait la Grande île était achevé, après vingt ans de travaux. C’est le plus important ouvrage jamais réalisé dans l’île, après le réseau de rails établi par la France durant la colonisation. L’autoroute faisait une boucle entre Antsiranana, Mahajanga, Morondava, Toliara, Taolagnaro, Toamasina, Sambava et Antsiranana. Près de quatre mille kilomètres d’autoroute à quatre voies. Le chef-d’œuvre d’ingénierie avait permis de relier durablement les grandes villes de l’île et de désenclaver de nombreuses localités.

Le Premier ministre était également soucieux de l’équité sociale. Mieux, même si de nombreuses voix discordantes s’étaient élevées au sein même de son parti, UDSM, au mitan des années 80, Charles Darwin Rainiharo avait instauré un système de protection sociale qui permettait, jusqu’à maintenant, aux Malgaches de jouir d’une sécurité sociale généreuse et d’un système de soins, parmi les plus efficaces en Afrique australe.

Cette générosité étatique pour les 45 millions de Malgaches, creusait un déficit public inquiétant. Même s’il n’était encore qu’infime eu égard de ce que certains pays occidentaux se permettaient en toute impunité. Le souci était que ce modèle d’Etat providence commençait à être remis en cause par Livingston Razafindrainiharo, plus attiré par la lumière aveuglante du capitalisme. C’est ce qui inquiétait Koto, le futur roi. Il avait bien souvent partagé ses inquiétudes à Yoko, sa future reine. Aux Etats-Unis, les deux tourtereaux étaient affiliés aux Démocrates.Ils avaient fait campagne pour Barack Obama.

Les deux partageaient les mêmes idéaux progressistes qui étaient peu compatibles à la vie à la cour.

12

 

Koto était fatigué. Il avait ramené Yoko dans son appartement à Ambatobe, sous bonne garde. Il n’était revenu au Palais de Manjakamiadana que vers une heure du matin. Il avait insisté pour que ses gardes rentrent chez eux. Malgré leurs protestations, ils n’avaient le choix que d’obéir. Koto gara sa Texla X, sans aucun bruit, dans le parking souterrain de Manjakamiadana, une ombre surgit.

–     Qui est là ? demanda-t-il. Malgré le fait que soldats et gardes rôdaient en permanence, il était légèrement inquiet.

L’ombre ne répondit pas et continua à avancer vers lui.

  • Votre altesse royale, c’est moi.

Koto reconnut Andriamanare, l’un des Vingt-quatre, membre des Menamaso, issu de la royauté antadroy. Il avait la spécificité d’avoir un réseau très dense de « petits oiseaux », des espions qui étaient au courant de tout, et il était aussi un vrai adepte du culte d’Ikelimalaza, la deuxième religion du royaume.

–     C’est quoi ces putains de manière ? Koto était passablement irrité et fatigué.

–     Désolé, j’ai tout fait pour qu’on ne me reconnaisse pas. J’ai dû emprunter les dédales que ton arrière-arrière-grand-mère utilisait pour faire entrer et, rarement, sortir ses amants, fit Andriamanare qui vouait un véritable culte à Ranavalona I.

–     Qu’est-ce qui te prend de venir à une telle heure ?

–     Je vous ai suivis depuis le Colbert.

–     Qu’est-ce que tu veux ? Personne ne t’a vu ?

–     Je suis discret. ‘Faut qu’on cause.

Andriamanare était un antadroy aux manières peu raffinées, mais il était un ami extrêmement loyal. Koto avait une confiance absolue en lui. Koto le fit monter dans ses appartements à travers un des innombrables passages secrets du palais.

–     Veux-tu enfin me dire qu’est-ce qui t’amène ici ?

–     Ouais, ouais. File-moi d’abord un verre.

–     Whisky ?

–     Non, je ne bois pas de vos boissons de vazaha. Elles annulent les effets de mes moara.

–     Epargne moi les détails de tes sorcelleries et dis-moi ce qui t’amène au Palais, fit le prince tout en versant de l’ambodivoara de son cru, vieilli dans un fut en palissandre qui en épousa la robe.

–     On veut te faire ta peau, fit Andriamanare tout simplement en avalant son ambodivoara.

13

 

Le prince marqua une pause. Puis remplit son verre de whisky.

–     Répète ?

–     Tes fesses royales sont en danger.

–     Comment ça ?

–     Mes petits oiseaux m’ont averti qu’il y a un contrat sur toi.

–     Ce n’est pas nouveau non ? Ce n’était pas la peine de te déplacer ici, de te mettre en danger, de me mettre en danger pour si peu.

–     T’sembles pas piger la gravité des menaces cette fois-ci, fit Andriamanare en jouant avec le liquide ambré dans son verre. ‘Y vont te butter et ta belle « sinoa ».

–     Combien de fois faudrait-il te dire qu’elle est japonaise.

–     Japonaise, chinoise, thaïlandaise… c’est pareil pour moi, tu sais.

Koto feignit de ne pas avoir entendu cette dernière remarque et fixa longuement son ami.

–     Qu’est-ce qui te fait dire que, cette fois-ci, la menace est réelle ?

–     Les voix qui m’ont refilé l’info.

–     Lesquelles ?

–     Les voix d’en haut. A force de vouloir tout changer, tu risques de mettre à mal certaines entreprises et certaines façons de faire les choses. Avec tes « choix », tu t’es déjà fait des ennemis de choix. Tu penses vraiment que le fait que tu veuilles te marier avec une sinon ravisse les vieilles familles ? Que tu la baises, personne ne t’en tiendra rigueur. Mais te marier avec elle ? C’est une déclaration de guerre. Puis, j’ai lu la proposition de texte que tu comptes soumettre à tes sujets. Je peux te dire que la colère des hova est à la hauteur du sentiment de trahison auquel ils font face. Je ne sais pas si t’es réellement conscient de ce que tu tentes. Fais gaffe, tout simplement. Je te le dis en tant que frère, et en tant que ton sujet.

Sur ce, Andriamanare s’éclipsa et laissa Koto dans sa réflexion dans la nuit glacée de Manjakamiadana.

14

 

Les   jacarandas sont en  fleur. Ils se sont parés de leurs plus beaux atours, en ce jour de 14 octobre. Il flotte un parfum de fête dans la capitale et dans les autres régions de Madagascar. Le dix-neuvième coup de canon a tonné. Les meilleurs élèves des lycées publics, drapés de leur lamba rouge, la couleur royale, et blanc attendent fiévreusement en rang.

Les Mirage 2000 aux couleurs  blanc, rouge et vert survolent la plaine d’Antanimbarinandriana et la centaine de milliers de Tananariviens venue assister à cet évènement historique, tout comme des centaines de journalistes malgaches et du monde entier qui s’entassaient dans la zone qui leur était réservée.

Les avions de l’armée de l’air malgache effectuent des figures acrobatiques sous le vivat des spectateurs. Depuis six heures du matin, un ballet incessant de limousines karenjy déposent les ambassadeurs et les dignitaires à quelques mètres de leur place privilégiée dans ce kianja de Mahamasina surplombé par le vatomasina. Le kianja de Mahamasina était en fait un jardin public sur lequel étaient plantées depuis de nombreuses décennies des essences rares de Madagascar.

C’était un lieu de repos privilégié par les Tananariviens. Le parc de Mahamasina était hérissé de jeux pour enfants, de toilettes publiques et de pistes cyclables. Il s’étendait d’Ampefiloha, à Amparibe, par le nord, à l’ouest par le quartier de Befelatanana, à l’Est par la colline du Palais de la Reine et au sud par Ankadilalana.

Le kianja était surtout sacré car le vatomasina y était préempté. Aussi bien les souverains, que les détenteurs de mandat public y prêtaient serment, devant Dieu et les citoyens, officiellement, et devant Ikelimalaza et les sujets de sa Majesté, officieusement. Le grand kabary annuel de la reine s’y déroulait aussi tous les 10 janvier, sans discontinuer depuis 1960, sauf cette année.

A côté du vatomasina étaient établis une pagode en l’honneur d’Ikelimalaza, un petit lieu de prière et un monument dessiné spécialement par le défunt sculpteur suisse Alberto Giacometti en l’honneur de Ranavalona IV, une de ses grandes amies.

La grand-croix de l’ordre royal de Madagascar ainsi que la couronne aux sept fers de lance, attributs de la royauté malgache, attendent patiemment sur l’estrade richement décorée. Les sujets du royaume de Madagascar étaient en effervescence : le deuxième souverain de l’ère moderne de la Grande île allait être couronné.

–     Tout est bien…qui commence bien, commenta ironiquement Ralava, dans son beau costume Armani, paré de son lambalandy finement tissé.

–     On peut le dire, fit Razafindrainiharo, placide caché derrière ses lunettes Ray-ban, lui aussi emmitouflé dans un lamba en rongony cette fois-ci.

–     Te voilà Premier ministre à vie.

–     Jusqu’à ma mort plutôt, fit-il en toisant les petites gens de son estrade surplombant la foule et faisant face à celle où le couronnement aura lieu.

Andriamanare était déjà saoul. Il était tant bien que mal obligé de se tenir parmi les Vingt-quatre, sous les bannières frappées du lalomena. Ils étaient tous drapés de lamba rouge. Les seuls qui pouvaient vêtir le rouge royal, à part des zakan’andriana et le souverain. Le  motif du lamba était cousu avec des fils d’or. Les menamaso ne portaient ce lamba qu’à de grandes occasions.

–     Putain de merde. Quelle putain de mascarade, grommela-t-il.

–     Surveille ton langage, frère, lui asséna Hagafotsy.

–     Ça m’emmerde d’être ici !

–     La bienséance, le protocole et surtout notre rang exigent que nous soyons ici ! Tu vois, tous ces braves gens, fit Hagafotsy en opinant du chef en direction de la foule très sage qui était amassée sur le kianja, ils paieraient même 100 iraimbilanja pour te piquer ta place. Donc, tiens-toi tranquille.

–     Depuis quand tu en as à foutre des protocoles et des bienséances ? Va te faire foutre avec tes putains de bonne manières, tu ‘vois pas ce qui se trame là ?

–     Ce qui se trame là ? Madagascar a sa nouvelle reine. Tu as une nouvelle reine.

Tandis qu’il avait lâché ces paroles, Hagafotsy avait ôté ses lunettes noires Afflelou. Entrant parfaitement dans son superbe costume Versace et sentant bon à mille lieues, Sauvage de Dior, son parfum préféré, Hagafotsy avait une allure royale. Ses yeux perçants pénétraient dans ceux de Andriamanare. Le prince Antandroy avait compris ce qui s’est passé il y a quelques semaines…

–     Non… tu n’as pas osé… La voix de Andriamanare était tremblante.

Hagafotsy remit ses lunettes noires, sans piper mot.

15

 

Un mois avant le couronnement.

–     Punaise, est-ce que je me suis trompé de chemin ? Mince, il faut que je refasse demi-tour.

Le  prince Raharo avait raté la bifurcation vers Ambohimanga sur l’autoroute A 1, menant vers Anjozorobe et puis vers Ambatondrazaka.

–     Allô. Je me suis gouré. C’est où ?

–     Où est-ce que tu es ? fit Hagafotsy à l’autre bout de la ligne.

–     Franchement, je ne sais pas. C’est écrit vers Anjozorobe

–     Tu prends juste la prochaine sortie puis tu prends à gauche vers Sabotsy-Nahemana.

 

Le  prince Raharo, descendant d’Andriatsimilaho, débarquait fraîchement de la Suisse. Il faisait partie des Menamaso, sans aucun conteste, il était le plus intelligent. Il occupait le poste de courtier au sein de la banque suisse HBC. Il était en passe de devenir l’un des vice-présidents de la boîte, à seulement trente-trois ans. Marié à une finlandaise, il avait quitté Madagascar à 15 ans. Mais il avait toujours gardé d’excellentes relations avec Koto, le seul qui le comprenait vraiment.

Les notables Betsimisaraka l’avaient sollicité pour le siège qui lui était dévolu au sein de la chambre des Ampanjaka. Mais Raharo les avaient envoyés paître. Une bonne partie des Vingt-quatre n’avait pas compris la décision. Pour certains d’entre eux, le cheminement était simple, occuper puis investir durablement la chambre des Ampanjaka pour soutenir – pour verrouiller plutôt – le pouvoir quand Koto sera roi.  Cette fin de ne recevoir de Raharo était l’une des premières sources de friction parmi les menamaso. Les deux-tiers voulaient qu’il occupe le poste, Hagafotsy en tête, le reste disait que Raharo devait mener sa vie pépère sur les bords du Lac Léman, Koto et Andriamanare en tête.

–     Ca y est, tu as pu retrouver ton chemin ?

–     Ouais je pense.

Hagafotsy n’avait pas compris pourquoi Raharo n’avait pas emmené son chauffeur. Il n’avait pas aussi compris le message mystérieux que Koto avait envoyé l’avant-veille, sur WhatsApp.  Il l’avait relu une nouvelle fois. « Mes frères. Je vous invite à une réunion à Ambohimanga Rova, ce vendredi, à 22 heures.  Je compte sur vous. Les Vingt-Quatre seront réunis, de nouveau. Le royaume est sacré ».

Koto ne signait de cette phrase que quand le message était important. Dans un premier temps, Hagafotsy pensait qu’il allait organiser une de ses nouvelles fêtes gigantesques. Ce n’était pas le cas, espérait-il. Cela faisait cinq ans que les menamaso n’étaient pas réunis. Peut-être que Koto voulait profiter du passage au pays de Raharo ?

La lune était pleine. La colline bleue d’Ambohimanga était bercée par une douce bise. Les hiboux ululaient au loin, zébrant de leur lourd envol le ciel orangé par les lumières de la zone industrielle de Sabotsy-Namehana. Les militaires étaient partout. Ils avaient pour missions d’assurer la sécurité du royaume, d’une part, mais aussi de faire respecter la période de deuil de trente jours, succédant à la mort de la reine Ranavalona IV.

Les bars, les restaurants et les discothèques devaient rester fermés sous peine de lourde amende ou même de fermeture définitive. Un état d’urgence avait été décrété par le Premier ministre pour les trente prochains jours. Les forces de sécurité étaient sur les nerfs. La colline d’Ambohimanga était totalement verrouillée. La « carte rouge » avec le sceau de Manjakamiadana ouvrait toutes les portes, si bien que les menamaso n’eurent aucune difficulté pour accéder au palais malgré les barrages routiers. Hagafotsy avait débarqué sur le parking du Rova d’Ambohimanga avec sa Bentley Bentayga toute neuve, juste avant que Raharo ne fasse son apparition.

15

 

La grande salle n’était éclairée que par des cierges. Les intendants s’étaient éclipsés après avoir servi le dernier plat. Les Vingt-Quatre étaient tous là. Koto se remémorait de ces déjeuners joyeux avec vingt-quatre garçons bruyants au sein du palais. Aujourd’hui, ils sont là. Présents, différents, plus ou moins matures.

Ils avaient en moyenne trente ans. Ils étaient sortis de l’adolescence. Quelques-uns s’étaient mariés. La plupart occupaient de hautes fonctions. Zafiraminia, le prince issu des maisons royales antambahoaka, était même vice-ministre des Villes nouvelles. Mais ici, il était un des Vingt-Quatre, un menamaso comme les autres.

« Mes frères, je vous remercie d’avoir répondu à mon appel. Koto s’exprimait toujours en antandroy quand il s’adressait à ses frères. Je vous remercie pour les condoléances que vous et vos maisons ont adressées pour la mort de votre reine, ma mère, notre mère à tous qui nous a éduqués avec amour et tendresse.

Le Royaume est en passe de vivre d’importants changements. Les plus importants depuis l’indépendance. Je serai couronné roi.  C’est une très grande charge et une charge sacrée. Vous êtes les premiers qui étaient au courant de mon nom de règne, Radama III, il marqua une pose comme pour souligner la solennité du moment. Ses frères étaient suspendus à ses paroles. J’ai eu beaucoup de protestations mais, mes frères, Radama Ier a fait entrer le Royaume de Madagascar, Radama II est le plus réformateur qu’ait connu cette île, malgré ses vices et ses tares, je serai le roi qui conciliera les deux visions. Je vais faire de Madagascar un pays libre, un  pays où chaque Malgache sera heureux et fier.

Aujourd’hui, 80 % des terres sont aux mains de 15 % de la population. Les richesses sont aussi de la même proportion. Il n’est pas normal que les descendants des colons continuent à jouir de ces terres fertiles à notre insu. Il n’est pas normal que les Malgaches, ceux qui ont bâti ce royaume, ne soient que des faire-valoir, presque des esclaves. Il n’est pas normal que 25 % de la population vivent dans l’extrême pauvreté.

Il n’est pas aussi normal que le pouvoir exécutif soit entre les mains des merina. Si Madagascar connait aujourd’hui la voie de la prospérité, dans un océan d’inégalité, c’est grâce à tous les Malgaches, de toutes les Etats fédéraux.

Je vais changer les choses, on va changer les choses. J’ai besoin de vous. De nombreuses personnes, parfois de proches cousins ou cousines, ne me comprennent pas et veulent rester dans le statu quo. Ce n’est pas moi, ce ne sera pas le roi Radama III. J’ai besoin de vous mes frères. Ensemble, nous allons bâtir un nouveau Madagascar ».

Koto leva son verre de vin rouge. Les autres menamaso le regardèrent, ne sachant que faire, que dire après ce laïus.

–     Vive notre roi. Vive le roi Radama III, fit Hagafotsy en levant son verre pour rompre le silence.

–     Vive le roi Radama III, firent en écho les Vingt-Quatre, dans la nuit ténébreuse et silencieuse d’Ambohimanga. Seuls les cris des corbeaux brisaient le silence de la nuit. Un mauvais présage dans les mœurs malgaches.

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