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Un jeune Réunionnais sur le toit de Montréal

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Par Marie-Josée Barre

Le clip du groupe « Jam Family » est traité comme un véritable petit film : 5 colocataires musiciens investissent le toit de leur logement par une trappe pour y chanter, sur décor du mont Royal de Montréal et feuilles d’érables automnales. D’emblée la poésie s’affiche.

 

Une découverte de qualité

 

Le morceau intitulé « Return to the océan » est sacrément bien composé ! La voix éraillée de la jolie chanteuse Emma Anders est sublime de nuances, pleine de sensibilité, à nulle autre pareille, s’accordant avec subtilité aux sons électriques discrets des guitares.

Jérôme Cadet, notre Dionysien, intervient en français dans la deuxième partie de la chanson, avec un style flow poético-nostalgique du plus bel effet. Relief, douceur, jeunesse, complémentarité par les différences, fraternité, s’installent dans cet excellent duo.

Ils jouent dans les cafés-concerts du Canada, on aimerait beaucoup les voir en live aux prochaines FrancoFolies de la Réunion ou au Sakifo.

À écouter d’urgence ce beau clip sur notre site INDIGO

On vous offre en prime les paroles de Jérôme Cadet.

 

 

Return to the océan

 

La brume sans forme bride les chants de vérité
Voix des mers, échos de nos vies futures et passées
Vers lesquelles nos routes tendent et tentent d’anticiper
Ces muses m’amusent, elles attisent ma vie
Des nappes aux estuaires, en passant par les ruisseaux et rivières
On rejoindra la plénitude, l’océan des secrets.

 

En attendant, ici debout le temps vient le vent nettoie. Vas-y avec sinon tu vacilles à contre-courant. Suis le cours en marchant. Admire du haut des toits, tous les nous les toi. Quand chaque soi ne devient qu’un, il croît. Tant que ne choquent en rien les chakras. Sans que des meufs ou des mecs n’aient de liens qui relèvent le tracas. Comme en tricot passe le fil dessus dessous. Et comme cette fois où, à l’orée d’une forêt brumeuse, via la brise, se déposa dans ma main une petite fée agitée qui guida, guide, a guidé mes pas de part en part de cette épaisse brumasse de pensées et d’affection.
Comme beaucoup de questions qui laissent las sans réponse, sinon fausse. Comme quand quoi qu’on fasse se renforce la cosse. À force de traces, détresse. Je crois que mes nerfs s’enlacent.

 

Je m’y métamorphosai, la fée se mit à se méfier
Mais m’eut pourtant confié qu’en moi elle portait foi
Un élan de feu s’amarra sur moi, mon âme s’en mut
La futaie trembla puis m’émut
Du coup dissipa les embruns de ma frousse cette folie
La houle m’eut lâché lousse, m’eut poli
Frissons de l’écorce à l’os, l’humus du sol collait, pourtant je lévitai
Sans m’éviter, en m’évitant la fée par le ciel fila
Je la remerciai puis de la brume renaquis
En sortis changé, grandi
Alors que le vent et l’eau n’avaient, n’eurent cessé de couler
Je quittai mon nid et suivis l’eau le long de son lit
Vis ce que fit la brume et ses effets sur mes plis
Emporter ce qui chut y compris le dépit
Ne plus être fru c’est pour ça que j’écris.