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Vents d'Est & Vents du Sud

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Mouvements d’images & de révoltes
par Mounir Allaoui et Olivier Hadouchi

CYCLES DE PROJECTIONS

Un événement composé de plusieurs séances visant à présenter des films et des vidéos (de cinéastes ou d’artistes de La Réunion et d’ailleurs) qui travaillent la question politique en bousculant les catégories et en inventant parfois de nouvelles formes. Ces propositions plurielles couvrent une période allant des tumultueuses années 1960, des souffles planétaires de 68 jusqu’à aujourd’hui où l’on (re)trouve quelques échos au passé et de nouveaux types de revendication, avec la « ZAD », les « Gilets Jaunes » et les mouvements d’occupation des places ou dans des révoltes actuelles (antiracistes, anticapitalistes et/ou altermondialistes). Interrogeons ces mouvements d’images et de révoltes à travers des films d’hier, d’aujourd’hui (et de demain ?) : qu’est-ce qu’ils nous disent de notre monde contemporain et des désirs d’émancipation?

 

Parmi les cinéastes et les artistes présentés,citons Chris Marker, Mathieu Kleyebe Abonnenc, Jocelyne Saab, Mounir Fatmi, Jackie Raynal, Sarah Maldoror qui proposent leurs regards (indignés, audacieux, critiques, transgressifs) sur divers contextes géopolitiques : le Suriname d’après l’indépendance, La Réunion de 1967 ou le Beyrouth de 1982 en plein ébullition, le mai-juin 68 parisien vu par une cinéaste féministe et internationaliste allemande, les luttes africaines et tricontinentales, les silences et les dénis de nos mémoires, etc. Il s’agit donc de montrer que ce sentiment de révolte qui traverse les peuples est transnational et surtout protéiforme dans ses manières d’apparaître, d’agir sur le monde.

 

La multiplicité des formes concerne aussi la manière dont les cinéastes et artistes programmés abordent leurs moyens de production. Formats courts et très courts (façon ciné-tract), installation vidéo, performance, point de vue volontairement très subjectif ou a contrario se voulant le plus objectif possible, avec une mise à distance. Bref, il s’agit d’appréhender cette question de la politique et des mémoires révoltées ou révolutionnaires à travers l’art de l’image en mouvement et des oeuvres politiques, inventives & audacieuses sur le plan esthétique, parfois même très poétiques. Une façon de décentrer les regards, d’ouvrir grand les yeux en se mettant à l’écoute des Vents d’Est et des Vents du Sud…

 

Ces films et ces vidéos seront présentés par Christine Van Assche (conservatrice honoraire au Centre Pompidou – Paris), Olivier Hadouchi (programmateur indépendant et chercheur associé à l’IRCAV-Paris 3) et Mounir Allaoui (artiste vidéaste, a été rédacteur en chef de la revue Mondes du cinéma, publiée aux éditions Lettmotif).

 

CHRIS MARKER
Né en 1921 et décédé en 2012 à Paris.
Dans ses films et textes sur le Japon, Chris Marker démontre un fait : il vaut mieux ne pas chercher à trouver le Japon dans l’illusion du réel, il vaut mieux partir de ce qui apparaît, ne pas séparer l’image de la chose qu’elle représente. L’écrivain irlandais Oscar Wilde conseille, lui, de trouver le Japon sans s’y rendre, en se contentant de l’art. Heureusement pour nous, malgré cet avis, Chris Marker, et d’autres créateurs d’images ont voyagé vers le Japon, et parfois, à partir des images ramenées, ont fait naitre l’envie de partir y vérifier les effets de l’art japonais : le code d’honneur samouraï, les cerisiers en fleurs, les geishas, Yasujirô Ozu à hauteur de tatami, la violence du manga, les otakus et hikikomoris qui à l’avant-garde de notre époque ont choisi de vivre, dès les années 1980, dans le virtuel, le flux de l’information et les programmes informatiques, plutôt que dans « le réel ». Du moins, il a été rendu compte d’une relation du Japon à un Autre, ou de la relation de l’Occident à cet Autre que serait le Japon. Chris Marker semble y avoir rencontré quelques habitants : Koumiko, le chat robot Doraemon, AK, le musicien Toru Takemitsu, etc.