ActualitéEvénements

Dadee Andrianaivoson, Recycl’art et résistance

icon-baobab

Par Yanne Lomelle

Au fond du hall de l’Institut Français de Madagascar, des tableaux en carton d’un autre genre.  L’initiateur de ce projet n’est autre que Dadeee Andrianaivoson, illustrateur et peintre ; il a choisi le carton pour être le support de ses œuvres. Alliant l’art et le recyclage, la création et la résistance, il est sans doute l’éveilleur de conscience contemporaine pour ce 3ème prix Paritana.

 

Un monde à part

A son actif, Dadee Andrianaivoson comptabilise plus de 20 ans de vie artistique. A la genèse de sa carrière, il a été bassiste dans un groupe de métal. Un genre musical en adéquation parfaite à sa façon d’être et son mode de vie. Son acheminement artistique a évolué de la musique à l’art visuel et c’est suite à une résidence artistique en Afrique de l’Est en 2017 qu’il est devenu le précurseur de l’art sur carton à Madagascar. En utilisant ce support pour ses œuvres, Dadee Andrianaivoson ne se contente pas seulement d’introduire un mouvement écologique en promouvant le recyclage. « A Madagascar, on appelle celui qui obtient plusieurs diplômes d’études « be boritra » (celui qui a beaucoup de carton). L’idée originale était de faire du carton avec des carton, c’est-à-dire faire valoir mes années d’expériences à travers mes œuvres » précise-t-il.

Mental de résistant

Connaissant mieux que personne la difficulté d’entamer une carrière artistique à Madagascar, Dadee Andrianaivoson en collaboration avec plusieurs artistes malgaches a mis en place un mouvement artistique afin de multiplier les initiatives nationales en matière d’art et ne pas attendre les financements étrangers ou étatiques. L’absence d’école d’art Madagascar devrait effectivement favoriser les échanges entre les artistes. Atteindre cet objectif n’est pas facile, c’est ainsi qu’ils ont mis plusieurs points de résistance artistique. Deux centres ouverts aux artistes, un à Antsirabe « Indie place » et un à Ambolokandrina Antananarivo dont la vocation est d’aider les artistes à créer et à se recréer. Doté d’un esprit de partage, il n’hésite pas à raconter sa propre expérience pour aider les jeunes artistes à mieux s’orienter.

 

Pour une société éveillée                                                                                                                                

Pour sa participation au prix Paritana, Dadee Andrianaivoson a présenté une série de tableau en carton qui témoigne de l’automation de la société. La mondialisation, le stress quotidien contribuent aux faits que la plupart des personnes n’étendent  plus les informations qu’on leur transmette, ne voient plus la beauté du monde et n’ont plus l’occasion de s’exprimer efficacement. Et c’est ce paradoxe que Dadee Andrianaivoson a mis de l’avant. Pour Paritana, il a évolué car sur ces œuvres on constate l’apparition de nouveaux matériaux tels que les cannettes, les mini circuits électroniques. « Je vois des dessins partout et c’est la raison pour laquelle j’explore toutes les surfaces possibles pour mes œuvres ». Comme il le dit, « l’art c’est la vie » ; pour Dadee Andrianaivoson l’aventure Paritana est un épisode dans son parcours d’artiste.