Ma jupe-Mon droit
Par Yanne Lomelle
Où l’insurrection des femmes malgaches
Tout est parti d’une publication faite par le ministère de l’Education nationale sur le réseau Facebook. Un post qui se voulait moralisateur en suggérant aux parents d’habiller leur enfant de sorte à ne pas attiser le désir des prédateurs sexuels. Une publication que ledit ministère a vite effacée suite aux réactions incendiaires des femmes par rapport à la maladresse de ce message.
Quelques minutes plus tard est née le mouvement internet avec hastag Ma jupe ou mon droit. Tour à tour, femmes présentes sur les réseaux sociaux ont suivi le mouvement et ont exprimé leur lassitude par rapport aux jugements moraux qui découlent de leur manière de s’habiller mais surtout du fait que le ministère de l’Education a préféré être le porte-parole des agresseurs sexuels au lieu de se cantonner à son rôle éducatif.
Incompréhension et jugement de valeur
Les femmes qui ont réagis à cette publication étaient des responsables d’ONG, des artistes, des journalistes, des étudiantes, des citoyennes qui ont tenu à faire entendre leur point de vue sur la liberté de la femme à être et à devenir. Comme si la publication du ministère de l’Education ne suffisait pas, un haut responsable du ministère de la Communication a encore eu la maladresse de réagir sur les réseaux en mentionnant que les femmes malgaches réclament le droit à la nudité. Et certains influenceurs de la gente masculine ont même tenté de lancer un débat sur le lien de causalité entre le viol et la manière des femmes à s’habiller. Bien que certaines femmes ont réagi à chaud face à ces publications à côté de la plaque, en général, les femmes n’ont pas dénaturé leur mouvement et ont maintenu l’esprit de départ.
Jusqu’ici, les femmes ont le droit de s’habiller comme bon leur semble à Madagascar. Une liberté partielle car certaines femmes subissent une violence morale en proportion à la longueur de leur vêtement. La sonnette d’alarme a retenti pour ces femmes qui refusent dorénavant qu’on leur ôte le peu de liberté déjà acquise jusqu’ici. Ce mouvement peut être considéré comme étant la genèse d’un véritable mouvement féministe malgache et espérons que les femmes se pencheront sérieusement dorénavant sur la lutte pour leur droit fondamental.